Après avoir lu et beaucoup aimé l’Esprit d’Hiver publié lors de la rentrée littéraire, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur l’univers littéraire de cet auteur américain. Parmi toutes les critiques lues par ci par là, Les Revenants semblait être son roman le plus enthousiasmant de tous :
» Ses mots nous projettent sur une autre facette de l’existence tout en reflets »
« Une perle rare, un roman littéraire servi par une prose splendide »
Résumé :
Le roman a reçu tant de louanges que ces dernières occupaient davantage le devant de la scène que l’histoire en elle-même. Il m’a été assez compliqué de trouver le pitch de l’histoire, alors je m’empresse de vous le délivrer :
Une nuit de pleine lune, Shelly est l’unique témoin d’un accident de voiture dont sont victimes deux jeunes gens. Nicole, projetée par le choc, baigne dans son sang, et Craig, blessé et en état de choc, est retrouvé errant dans la campagne. C’est du moins ce qu’on peut lire dans les journaux mais c’est une version que conteste Shelly. Un an après, Craig ne se remet toujours pas. Il ne cesse de voir Nicole partout. Serait-il possible que, trop jeune pour mourir, elle soit revenue ? (Google Books)
J’ai aimé…
Cette histoire d’accident, de mort, de fantômes et de folie m’a passionné. Il y a dans ce bouquin un petit quelque chose qui vous saisit au poignet et qui fait que vous ne lâchez jamais complètement le livre et que vous ne décrochez jamais complètement de l’histoire. J’ai d’ailleurs dévoré les 581 pages de roman en trois jours tant il m’a transporté. Les pages du roman emmènent le lecteur là où il ne s’attend pas du tout, et ce, jusqu’à la dernière page. Tout en suspension, tout en flottements, on découvre petit à petit les pans d’une histoire qui mérite bien ses 581 pages.
J’ai néanmoins quelques retenues sur le scénario que j’imagine aisément repris dans un téléfilm américain, et déshabillé de toute son aura. Je n’ai perçu qu’une seule et unique longueur sur une après-midi anecdotique de la vie de Craig, qui n’avait pour moi aucun lien avec le nœud de l’histoire, ni de près ni de loin.
J’ai tiqué…
Ce roman a un gros point noir, et il m’est impossible de ne pas le soulever. J’aurais déjà dû lever un sourcil en voyant que les critiques nommées plus haut ne sont que des critiques de journaux américains (Chicago Tribune, New York Times). Elles ne portent donc que sur la version originale du livre. Car, je vous le confesse, la traduction d’Eric Chédaille de l’anglais au français, laisse très franchement à désirer. Je me positionne en tant que lectrice qui s’est retrouvée parfois frustrée devant des dialogues vides, glacée à la lecture de phrases sans aucun sens, ou interloquées devant certaines absurdités de langage. C’est à croire que des passages entiers ont été traduits avec google translate.
L’utilisation dans les dialogues du terme les gars en lieu et place de guys et ce toutes les 10 pages est insupportable tant ce terme est peu utilisé dans ce sens en français.
J’ai toujours eu un grand respect pour les traducteurs qui doivent lier leur plume à celle de l’écrivain, et en ressortir au mieux les émotions, et les images. Mais c’est aujourd’hui, la première fois que je suis aussi déçue.
Je vous ai fais une petite sélection de quelques bourdes plus ou moins phénoménales :
Erreur de prénom au coeur d’un chapitre. Craig crut entendre la course cliquetante de la grande aiguille de l’horloge.
Alors que le personnage concerné est Perry. page 289
Dialogue irréel entre une femme et son époux au sujet de leurs jumeaux de deux ans.
» – Tu ne trouves pas [ces costumes d’Halloween] rudement mignons ?
[…]
– C’est pour les garçons ?
– Mais oui, pour qui veux-tu ?
– Je demandais juste, vu que des vaches et des gars, ce n’est pas la même chose.
– J’en suis bien consciente, Clark
– Parce que les jumeaux en sont, eux, des garçons. Du sexe masculin si tu préfères.
– Merci pour cet aperçu on ne peut plus pénétrant «
page 304
Des mots utilisés de manière étonnante.
Cela ne lui souriait guère, mais il lui fallait savoir que faire ensuite. page 318
Et maintenant, aie l’amabilité de vider le plancher. page 399
Des complexifications…
Elle s’emplit un verre de vin à la bouteille qu’ils avaient ouverte une semaine plus tôt […] page 323
Les gens savent ce que vivre veut dire dans l’ouest du Texas. Tu t’achètes un peu de terre. Pas le moindre arbre, d’abord et d’une. Un mobile-home. Plat, c’est tout plat. page 380
Avaient-elles idée de ce qu’elle était morte ? page 480
En résumé, voici un livre qui risque de ne pas vous lâcher, mais qui risque aussi de vous faire bondir de votre fauteuil… au risque de vous donner envie de laisser tomber au milieu du roman. Si vous êtes bilingue, alors préférez l’anglais, clairement. Au moins les critiques devraient-elles trouver résonance en vous.
Les revenants de Laura Kasischke. Traduction Eric Chédaille. Editions Christian Bourgeois. 22€
à 20 h 37 min
J’ai lu Les revenants et beaucoup aimé étant une inconditionnelle de Kasischke. Une amie a également beaucoup tiqué à cause de la traduction. Je me rends compte que je perds parfois en objectivité me laissant happer par l’univers et omettant la qualité de langue, acceptant des choses qu’en d’autres temps ou œuvres je ne laisserai pas passer… Merci pour ce point!
à 9 h 24 min
Google Translate fait mieux qu’Eric Chedaille: coffee table est correctement traduit par Google (table basse), alors que Eric Chedaille traduit « coffee table » par … table à café …
à 12 h 21 min
Merci pour cette information . Effectivement ma lecture était parfois interrompue par ces erreurs , obligeant à se relire , s’interroger puis continuer malgré tout …sans trop comprendre ce qui perturbait la lecture.
Ce livre mériterait d’être traduit à nouveau correctement .Merci
à 19 h 48 min
Bonjour
Auriez-vous la gentillesse de m’ajouter à votre liste de destinataires de « La main enchantée »?
Cordialement
Jean-Paul Deshayes
Traducteur anglais-français
à 8 h 40 min
Bonjour,
Je partage votre point de vue concernant la traduction (j’ai voulu commander l’un des livres de Laura Kasischke en version originale – Suspicious River – mais il est arrivé en français, malheureusement). Traduction de Anne Wicke.
Des expressions effectivement dignes de Google translate, telles que « une boîte de bière ». Très étrange et cela ôte un peu du plaisir de lire.