Combien met-on de nous-mêmes lorsque nous écrivons des histoires plus ou moins longues que l’on se plaît à qualifier de fictives ?
Chacune des atmosphères que l’on créé, chacune des émotions, chacun des visages, est inévitablement issu de nous-mêmes. On cherche dans nos souvenirs, dans les expressions croisées au hasard des foules habitées, et parfois, sans que l’on ne sache comment ni pourquoi, c’est de nous que l’on parle.
Dans ces paysages parfois oniriques, parfois sombres, on y glisse un peu de notre histoire. On donne vie à un mal-être qui torture notre inconscient, on excise des sentiments qui nous paraissent inadaptés en les exposant dans une situation où ils auront toute leur place, en les attribuant à des personnages qui serviront peut-être de prétexte à notre expression.
Ne vous est-il jamais arrivé de tordre la réalité pour la faire telle que vos souvenirs auraient pu être si vous aviez suivi un autre chemin que celui qui vous a mené où vous en êtes aujourd’hui ?
Quelle part de nous-mêmes mettons-nous dans nos écrits ?
En est-on toujours conscients ?
Le fait qu’une partie de nous-mêmes s’investisse avec ivresse dans l’écriture ne reflète-t-il pas ce besoin d’extérioriser toutes ces sensations, ces bavardages, ces mauvaises pensées qui sont chaque jour, chaque heure, chaque minute, projetés sur nous ?
Combien d’espoirs et de rêves glisse-t-on dans ces mondes inventés ?
Quels sont les rêves, les décisions que l’on fait porter à ces visages nés de nous-mêmes ?
Quels chemins évités, regrettés, ou fuis, fait-on suivre à ces vies libres des chaînes de la société ?
J’ai toujours pensé que les livres étaient des mondes parallèles au nôtre, semblable à un écrin dans lequel des personnages vivraient leur vie, à l’abri des orages de notre monde. Eux ont leurs propres problèmes, qui parfois sont bien plus sombres que les nôtres, certes. Parfois, je souffre de lire leurs vies, mais j’aime à penser qu’ils ont été créés pour y résister, que leur consistance de papier les rend moins fragiles.
En lisant certains romans, j’ai parfois la sensation que le roman a une double profondeur : la fictive et la réelle. Cette dernière semble être comme une empreinte laissée par l’auteur, inconsciemment, presque par inadvertance, ou par excès de passion, et qui créé un lien entre le lecteur et l’auteur… Cela se ressent aussi dans certains textes, certaines nouvelles.
Ainsi, ces personnages qui sont issus de nos rêves, de notre imaginaire, seraient des représentations de nous-mêmes, tordues, adaptées, mélangées à d’autres croisées autour de nos périples de vies.
Ecrire serait donc un exutoire ?
à 10 h 22 min
Clairement d’accord avec toi!!! C’est un exutoire! On met dans nos écrits un peu, beaucoup de nous-mêmes, c’est inévitable. Super texte Julie!!!
à 7 h 31 min
Merci 😉
à 19 h 42 min
Alors là, encore une fois, je dis Bravo.
Car ta réflexion est très bien menée, et qu’elle nous invite à l’étoffer grâce à notre point de vue. Je suis d’accord avec toi, on s’abandonne, on se livre mais au travers d’autres, ces personnages qui vivent leur vie selon le chemin que l’on décide de leur faire prendre…
à 7 h 31 min
Merci beaucoup !!!
à 13 h 49 min
J’aime beaucoup ta réflexion… C’est très pertinent! 🙂 On s’inspire de notre quotidien et parfois on ne sait plus très bien si c’est de la fiction ou la réalité. D’ailleurs, cela me fait penser à ce qu’a écrit Milena Agus (à la fin de son roman « Mal de pierres ») qui compare l’écrivain à un funambule. En équilibre entre le réel et l’imaginaire. J’apprécie énormément cette image.
Ecrire est, d’une certaine façon, une forme de catharsis.
à 14 h 15 min
Cette image est très belle effectivement … Je vais la retenir 😉
à 15 h 38 min
Une reflexion tres interessante et enrichissante Julie. Je pense en effet que consciemment ou inconsciemment aussi nous mettons beaucoup de nous dans nos ecrits. Nous sommes souvent entre le reel et la fiction, mais des que nous laissons libre cours aux personnages ou situations creees nous pouvons aussi decouvrir un aspect plus cache de nous meme.