On regrette le manque d’humanité dans les échanges, du métro à la maison, de la banque aux rencontres. Partout, les gens chuchotent leur rancœur contre l’informatique qui en est venu à dépasser l’humain. Dans tous les domaines, professionnel, amical, ou amoureux, tout prend des allures de clavier. Les visages se pixelisent derrière les écrans. Les voix se déforment dans des canaux irréels. Flirter se fait à distance et certains entretiens d’embauche se mènent par écran interposé. Même la musique perd de son poids en n’étant plus qu’une bande déclenchable d’un seul effleurement du doigt.
Du côté des livres, personne n’est sans savoir les difficultés que rencontrent les librairies indépendantes face à la montée du numérique. Désormais, d’un clic on peut acheter un livre, et d’un autre lire les avis de milliers de lecteurs plus ou moins passionnés. Certains diraient qu’il s’agit là du simple progrès en marche.
Je l’ai pensé un temps aussi, mais c’était avant que je tombe amoureuse d’une librairie.
J’étais une adepte des balades anonymes et perdues dans les grands espaces culturels, laissant mon regard choisir quel livre méritait mon attention. Un jour je suis entrée dans cette librairie située dans le renfoncement d’une rue, où pour y entrer, il fallait descendre plusieurs marches depuis la rue.
En poussant la porte, j’ai d’abord été intimidée, n’osant pas toucher, ou caresser du bout des doigts les tables de présentations. Et pourtant, je voulais découvrir. Les éditions mises en avant n’étaient pas de celles que je voyais habituellement.
Je me souviens que je cherchais un livre écrit sous forme de journal, et quand j’ai osé demander un peu d’aide, la libraire m’a de suite fait circuler d’étal en étal m’étourdissant de ses connaissances, des anecdotes qu’elle connaissait sur de grands auteurs comme Joyce Carol Oates, m’ouvrant les yeux sur des trésors de littérature comme Doris Lessing et son Carnet d’Or. Je l’aurais écoutée des heures je crois, avec un regard toujours plus admiratif.
Depuis, je ne vais plus que dans cette librairie quand l’appel du livre se fait en moi, et je m’y laisse glisser avec un délice non feint, repartant très souvent avec beaucoup plus que prévu. Le libraire est certes un commerçant, mais c’est surtout un guide et avant-tout un passionné.
La France compte plus de 40.000 librairies indépendantes ce qui représente un des réseaux les plus denses d’Europe. Le ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a mis en action un plan d’aide aux librairies indépendantes de plus de 15 millions d’euros afin de contrer l’expansion toujours plus grande des géants numériques, et notamment Amazon. Il est temps que chacun s’aperçoive du trésor culturel des librairies, et de la grande valeur que peut avoir un échange avec un libraire passionné.
Et vous quel est votre lien avec la librairie ?
à 19 h 58 min
La librairie, un petit coin où le temps s’arrête, je les aime « remplie », petite, intimiste, un peu comme celle qui est place des Abbesses, j’y vais avec plaisir, c’est du temps pour moi ou pour mon fils.
à 21 h 53 min
Je crois que c’est une histoire de rencontres. Car pendant un temps, je me sentais vraiment intimidée par les librairies. Il faut semble-t-il rencontrer l’une de celles qui entrent dans notre monde…
à 23 h 01 min
Très bel hommage à ce si joli métier! Et moi aussi je distingue les libraires des commerciaux 😉
à 21 h 55 min
Ils le méritent bien…
à 11 h 43 min
Un bel hommage à ce métier et à ces multiples lieux où l’on se sent bien, où l’on découvre au fil des mots des auteurs et des histoires inconnues, ces lieux où il fait bon se perdre quelques heures pour retrouver chaleur humaine et plaisir de lire. Je n’ai pas encore trouvé ce lieu à Paris, par manque de temps pour flâner, mais je ne désespère pas. Quand je l’aurai trouvé, je sais que je ne pourrais plus m’en passer.