Dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire de Price Minister (#MRL2013), j’ai eu l’occasion de lire le dernier roman d’Hélène Frappat : Lady Hunt, aux éditions Actes Sud.
Dans la liste des livres sélectionnés par le comité, Lady Hunt m’apparaissait comme un ovni. Le personnage principal, Laura Kern, voit ses rêves colonisés par une seule et même vision, chaque fois qu’elle ferme les yeux : une maison hantée par une brume lourde et épaisse. A aucun moment dans le roman, on ne retrouve le nom de Lady Hunt. Pourtant, ce nom définit Laura, qui à travers ce rêve, cherche à comprendre les signes qui indiqueraient si la maladie de Huntington circule ou non dans son esprit, ses nerfs, ses veines. La présence de son père, décédé de la maladie, est présente comme un fantôme tout au long du roman. Il revient hanter ses rêves comme un esprit parti trop tôt, avec ses secrets et ses symptômes.
Le plus perturbant dans ce roman est la brume ambiante, au sens propre comme au figuré. L’auteur a fait le choix d’utiliser une seule voix pour la narration : celle de Laura. Ce choix rend la lecture floue et difficile. Le lecteur tâtonne avec Laura, s’enivre de doutes à en perdre la raison, tournant en boucle dans ses rêves, ses visions, et se cognant aux mêmes questions. Certains passages du livre sont compliqués, les phrases s’enchaînant dans une logique qui nous échappe. On nous parle de pierre magique, d’enfants qui ont le don, d’anges gardiens déguisés en régisseurs de grandes résidences, d’incendies avant qu’il ne se produisent. Certains chapitres arrivent sans que l’on s’y attende. Beaucoup de sous-entendus, beaucoup de signes qui ne transparaissent pas dans l’écriture, ne prennent pas forme dans la lecture.
J’ai souffert à la lecture de ce roman. Le premières pages m’avaient pourtant emballée : un personnage principalement caractérisé par sa longue chevelure rouge feu qui se heurte à des illusions, des visions, la peur de la maladie, les secrets de famille. Mais, alternant enthousiasme pour certains passages à incompréhension pour d’autres, j’ai même décidé de ne pas le finir…
Malgré tout, j’ai beaucoup aimé la poésie de certains passages, mais un roman se fait avant tout de logique et d’empathie, et celui-ci en manque cruellement.
» Jadis, je rêvais comme tous les dormeurs ; je dormais comme tous les rêveurs. Mes journées ressemblaient à des salles de cinéma dont le projectionniste a oublié d’éteindre les lumières. Dans cette séance permanente, les ombres, aussi pâles que l’écran, sont invisibles. […] Quand la nuit tombe, tout s’inverse. Les paroles retentissent en sourdine tandis que les fantômes sur l’écran prennent vie dans une sauvagerie déchirante.
Telle est la nuit, ma nuit, la maison où je rêve. »
Ma note pour les matchs de la rentrée littéraire de Price Minister : 8/20
à 11 h 59 min
Des premières pages qui nous emportent puis une grosse déception, de la poésie mais un manque d’empathie… nous sommes tout à fait d’accord ! 😉