C’est dans le journal Le Monde que je me suis heurtée à un étrange néologisme, suscitant à la fois le rire et l’effroi : la twittérature. Les adeptes des réseaux sociaux reconnaîtront sans mal le site « Twitter », à la source de cette nouvelle littérature très prise au sérieux puisqu’elle a eu droit, le 16 mai, à sa première édition durant la Journée Nationale de la Flash Fiction au Royaume-Uni.
Les Anglo-Saxons appellent ce micro-genre flash fiction (« fiction instantanée »). Hemingway a écrit dix-huit « Very shorts stories ». La plus connue est celle-ci: « Avendre: chaussures de bébé, jamais portées. » Tout un drame en quelques mots.
Il est intéressant de voir comment nous sommes passés du roman balzacien payé à la page, à l’atome romanesque de 140 caractères. En effet, le roman classique a subi son lot d’annihilation avec le Nouveau roman, d’autodérision avec des narrateurs parodiques et intrusifs ( à l’instar, notamment, du narrateur dénigrant les attentes de son lecteur dans Jacques le Fataliste ); de sorte qu’il en soit arrivé parfois à un état résiduel par des styles minimalistes, anecdotiques ou encore par des maximes… etc.
On pourrait également évoquer le scandale qu’à causer le style Beckettien avec des dialogues anesthésiants, ayant pour ligne directive un propos stérile, et qui avait défrayé la chronique pour sa quête du « rien » et sa représentation pessimiste de l’homme. Pourtant, cela ne lui pas empêché de rafler le prix Nobel en littérature, en 1969.
Alors, doit-on prendre la twittérature au sérieux ? La question n’est donc pas de comparer Beckett à Twitter, mais de s’interroger sur la manière dont un genre est légitimé. La considération de tweet comme un nouveau genre supposerait d’abord une réflexion sur le roman virtuel (déjà évoqué sur la toile) , fragmentaire, mais aussi un roman de l’immédiat qui imposerait une nouvelle manière de lire à ses lecteurs. Ainsi, entre un tweet d’actualité et un tweet d’un de vos amis se trouverait peut-être un extrait du prochain succès de la Rentrée littéraire. Rien que ça.
Salon du livre, Rentrée littéraire, concours Goncourt… Les moyens de mettre sur le devant de la scène des livres ovnis sont innombrables, surtout en France, mais suffit-il qu’on en parle pour que la twittérature trouve son public ? Rétrospectivement, peut-être même que cet article contribuera à la mise en lumière d’un mot, d’un concept et poussera certains ici à tenter l’exercice, à savoir, écrire un roman « format twitter » ? Difficile, en somme, de le savoir.
à 15 h 54 min
Récemment on m’a offert le livre La Twittérature, les auteurs réécrivent voir parodisent les classiques et les best-seller de la littérature. Pour les récents comme Twilight, Da Vinci Code et Harry Potter c’est hilarant mais pour d’autres ca ne passe pas (il y a un soucis au niveau de références entre les culture française et anglaise de même avec la traduction)
à 10 h 11 min
Je viens de te répondre…
http://blog.tcrouzet.com/2012/11/11/la-twitterature-nest-pas-un-nihilisme/