Concours LME – ChocoPepite

Elle se réveilla, étourdie de son rêve. Mais ce n’était pas un rêve.

Encore ensommeillée, Pauline se redressa. Non, ce n’était pas un rêve, elle était bien là où elle voulait être, décidée à profiter pleinement de cette nouvelle vie qui s’offrait à elle. Elle sortit de son lit et alla ouvrir les volets. Le ciel était parsemé de petits nuages, il faisait beau, mais un peu frais pour la saison et la légère brise du matin la fit frissonner. Pauline admira encore le paysage. La mer au loin, les dunes de sable, les massifs de genêts fleuris. Quelques bateaux et des hommes en bottes. La paix, le calme. Là bas, un couple de personnes âgées promenait son chien, main dans la main. Une femme marchait au bord de l’eau. Un jeune homme courait. Deux fillettes jouaient sur le sable en riant.

Ce petit bout de paradis, elle en rêvait depuis tant d’années. A présent elle pouvait en profiter à loisir. Une petite annonce parue dans une revue gratuite, personne n’était encore venu visiter l’endroit, comme si celui-ci lui était destiné. La maisonnette était charmante bien que très vétuste et il y avait un jardin assez spacieux pour y accueillir quelques pots de fleurs, une table, quatre chaises et un bain de soleil. Elle avait signé le soir même et avait passé de longues heures à embellir son nouveau nid. Du nettoyage, de la peinture, un peu de jardinage… le tour était joué !! Puis la décoration. Des couleurs neutres, propices au repos et une ambiance bohème. Pauline était fière d’elle. Ici, personne ne connaîtrait son passé, elle serait la nouvelle voisine, inconnue, jeune et jolie, nul ne viendrait l’importuner. Elle se ferait des amis, elle en était sûre.

Enthousiaste, elle enfila une jupe blanche et un chemisier fleuri. Elle se coiffa, se parfuma, mit du rouge sur ses lèvres, attrapa son sac à main et enfourcha son vélo. Elle pédala durant une heure, explorant les environs, laissant sa chevelure flotter au vent, humant l’odeur douce de la mer et de la nature. Puis elle fit halte et descendit sur la plage. Délaissant ses sandales, elle goutta à l’eau, aux bienfaits de la solitude et à sa sérénité retrouvée. Son sourire à présent, ne la quittait plus. Ces dernières années avaient laissé des traces indélébiles en elle et elle n’avait pu compter que sur sa ténacité pour sortir de sa torpeur.

Aujourd’hui la vie vie lui donnait l’occasion de tourner une page difficile. Aussi, elle saisissait cette main tendue et ne comptait pas la lâcher. Pauline rebroussa chemin, et rejoignit le bourg ou elle acheta fruits et légumes, quelques gourmandises et de quoi régaler ses convives. Ce midi arriveraient sa petite soeur et quelques amis, venus célébrer cette renaissance. Il y aurait aussi Daniel, le beau musicien. Ils ne s’étaient vus que deux fois, mais ce fût deux délicieux moments, empreints de sourires gênés, de rouge aux joues, de jeux de regard. Elle voulait séduire à nouveau et se sentait prête à faire confiance à cet homme rassurant. Elle avait foi en l’avenir. Elle avait hâte. Il y aurait des rires et de la joie.

Enfin Pauline avançait dans sa vie sans se retourner, elle n’avait plus peur. Cela lui avait pris du temps mais c’était là. Ce n’était pas un rêve. Arrivée chez elle, elle s’affaira en cuisine, fredonnant gaiement. Elle mit une jolie nappe, des soliflores sur la table, des serviettes colorées. Un cocktail de fruits, des toast à grignoter, tout était prêt.
La sonnette retentit, il était temps.