Concours LME – Chanone

A Onee-Chan.

Elle se réveilla, étourdie de son rêve. Mais ce n’était pas un rêve…
Ce goût salé sur ses lèvres était si présent qu’elle comprit que c’était encore très récent. Son coeur continuait de battre si intensément qu’il en soulevait encore sa poitrine par ses secousses rapides et franches. Elle se sentait tellement heureuse, tellement vivante qu’elle ne pouvait y croire. Cette soirée, cet instant, elle l’avait si souvent imaginé, rêvé durant ses longues nuits de sommeil et ses jours faits d’envolées virtuelles parmi les nuages… elle adorait d’ailleurs faire divaguer son esprit dans des songes merveilleux qu’elle fabriquait toute éveillée… Mais l’avait-elle pourtant envisagée comme réalisable ? A force de le désirer, de le sublimer, de le parfaire, de l’idéaliser, il devint un fantasme intouchable, un espoir inassouvi et parut de plus en plus lointain, à s’installer et ne pouvant survivre que dans son monde d’illusion. Non, elle n’y croyait toujours pas. Pourtant les émotions qu’elle avait ressenties paraissaient si réelles qu’elle ne pouvait se résigner à ne pas s’interroger. Comment un rêve pouvait-il lui donner tant de sentiments mêlés : joie, fougue, pleurs, cris, essoufflement, euphorie, apaisement, plénitude…? Quand pourrait-elle enfin savourer ce plaisir si particulier qu’elle imagine de ce moment, rien qu’une fois dans sa vie ?

Alors que son esprit s’était encore évadé dans son monde imaginaire, une main vînt effleurer sa peau et ce frisson si subtil que lui procura cette douce caresse la sortit de sa somnolence…elle s’était, en définitive, à nouveau assoupie. C’est à cet instant précis qu’elle réalisa que son rêve n’en était pas un… ses yeux s’étaient ouverts et posés sur cette robe immaculée, délicatement arrangée sur ce mannequin d’osier, cette robe qu’elle avait si souvent visualisé…Elle était là, légèrement froissée mais tout autant sublime. Sa peau encore humide et luisante, le regard débordant d’amour de l’être aimé et son anneau d’or blanc le lui prouvaient…son heure était venue de le vivre… Elle avait enfin gouté à cette félicité qu’elle avait tant rêvé …la volupté charnelle, celle de la nuit de noce…Elle se réjouit ainsi que la réalité fût si belle, encore plus que ses songes.