Le métro la fascinait. Comme apparemment cette Zazie dont Papy n’arrêtait pas de parler. Elle l’écoutait à demi-mot tout en rêvant au moment où elle verrait au loin ce qu’elle appelait la porte-arbre-enchantée. La magie débutait sur les marches. Du haut de ses trois mètres, Papy ne pouvait pas comprendre pourquoi elle prenait autant de temps. Plusieurs fois, elle avait passé un doigt sur la marche, au risque de se faire gronder, en espérant y récolter quelques paillettes. Peine perdue, son doigt devenait sale et les paillettes restaient incrustées dans la marche. La prochaine fois qu’elle verrait un monsieur en vert, il ne faudrait qu’elle oublie de lui demander où se trouve le placard à paillettes.
Elle aimait moins le passage du manège. Papy lui donnait un ticket qu’elle arrivait tout juste à mettre dans la fente ; pendant deux secondes, elle se retrouvait dans un milieu froid et métallique, un peu comme un manège mais en beaucoup moins bien, puis au prix d’un gros effort, elle poussait la barre et la grande porte. Enfin.
De nouveau, des marches-paillettes puis l’arrivée sur le quai. Elle ne savait jamais si elle allait se trouver dans une de ses stations préférées. Secrètement, elle récitait la comptine du métro et croisait les doigts en espérant arriver soit dans le sous-marin avec sa couleur cuivrée, ses boulons et ses hublots, soit dans la « soupe de lettres » où elle jouerait à assembler les mots ou dans le monde des statues. Parfois, cela sentait mauvais ; mais ces vilaines odeurs étaient vite dispersées par l’arrivée du métro. Elle écarquillait les yeux, sa frange s’envolait pendant que son cœur tressautait. Il était là.
La porte s’ouvrait et elle courrait s’installer sur la banquette un peu râpeuse. Puis, elle regardait – dévisageait disait Papy – d’un air grave mais malicieux les gens. Elle aimait le fait qu’ils soient aussi différents. Parfois, elle écoutait leurs conversations mais la plupart du temps, elle s’intéressait à leur comportement ou à leurs attitudes. La semaine dernière, le voyage avait été merveilleux. Des chaussures lui avaient ravi le cœur. Pas n’importe lesquelles : des chaussures à paillettes, le rêve. Très jolies, noires avec cinq petits doigts pailletés sur le dessus et un talon resplendissant. Elle avait levé la tête pour voir à qui elles appartenaient et avait croisé le regard amusé d’une dame brune. Embarrassée, elle allait se replonger vers les chaussures lorsqu’elle vit ses boucles d’oreilles, scintillantes. Elle ne savait plus où donner de la tête : oreilles ou chaussures ? Papy n’était bien évidemment d’aucune aide pas plus que les autres voyageurs. La plupart avaient le nez plongé dans leur livre ou le plus souvent dans leur téléphone ; les pauvres, tout ce qu’ils étaient en train de louper.
Elle venait de choisir lorsque Papy la tira de sa contemplation, il fallait descendre. En sortant, alors que le petit lapin qui avait peur-de-se-faire-pincer-très-fort lui faisait un clin d’œil, elle prit une résolution : « quand je serais grande, j’aurais des chaussures à paillettes comme elle».
à 18 h 00 min
très joli texte j’aime beaucoup merci 😉 bises
à 22 h 42 min
Merci pour ces mots d’encouragement! Bises
à 20 h 03 min
Magique! J’adore!!! Felicitatiooooooons!!!
à 22 h 49 min
Je vois que tu as découvert mon nouveau lieu d’écriture! 😉 Et en plus ça te plait, chouette!
à 22 h 36 min
C’est tendre et léger, et si juste dans le ton. Vite la suite !
à 16 h 14 min
Merci. Vos mots me touchent beaucoup!
à 15 h 55 min
ça donnerait (presque) envie de prendre le métro, on se sent devenir zazie 🙂
à 16 h 48 min
Je croyais avoir laisse un mot – ton texte m’a beaucoup plu, je me suis a nouveau sentie petite fille, des reves plein la tete. Belle reussite!