Adélaïde Nongeant #3 : Adèle se tait

1 juin 2012 20 h 20 min

** Ce qui s’est passé avant ici **

 

IV – ADELE SE TAIT

 

 

Colombier était resté près d’Adelaïde pour la nuit, la regardant dormir presque paisiblement. Elle était belle, maladroitement enroulée dans ses draps. Plusieurs fois le jeune homme l’avait bordée. Les nuits redevenaient fraîches.

Le réveil indiquait presque neuf heures quand le corps d’Adélaïde commença à être parcouru de spasmes. Un nouveau cauchemar s’annonçait.

 

Une autre rousse se trouvait sur la table d’autopsie. Déjà morte, le tueur lui prélevait les organes génitaux.

Pour la première fois, un autre son que celui de la chair découpée parvint à Adélaïde. En effet, un vieux poste de télévision tournait à côté d’elle.

Tout en poursuivant sa délicate besogne, l’homme jetait quelques coups d’œil à la télé. Des gémissements en émanaient.

— Tu vois ma belle, dit l’assassin, voilà à quoi tu as échappé. Vous n’êtes toutes que de petites saloperies. Vous louez votre corps au plus offrant, c’est immonde.

L’homme marqua une pause.

— Ma belle Adèle fait partie des vôtres, enchaîna-t-il.

Une pointe de regret semblait trahir sa voix.

— Mais bientôt… Bientôt, elle sera toute à moi. Elle n’appartiendra qu’à un seul homme, et nul autre ne la souillera jamais plus.

Le meurtrier se surprit à laisser aller sa main sur le sexe nu de la défunte, avant de glisser un doigt dans son vagin.

— La prochaine sera vivante, cracha-t-il. Elle m’accordera toutes les faveurs imaginables avant de comprendre l’ampleur de son péché. Mais il sera trop tard !

 

Adélaïde rouvrit les yeux. Tremblante, elle tourna la tête vers l’inspecteur, qui lui adressa un regard interrogateur.

— Il y a déjà une autre victime. articula la jeune femme. Et l’assassin a l’intention de violer la suivante.

En effet, le cadavre mutilé d’une autre rousse fut retrouvé dans l’arrière-cour d’un bordel. Encore une prostituée.

Le meurtrier l’avait allongée sur le sol boueux avant de lui enrouler son propre intestin autour du cou. Comme les deux autres, la victime avait été égorgée.

— Vous devriez parler à cette femme, dit Adélaïde à Colombier. Celle qui en a réchappé.

— Le tueur l’a laissée en vie pour qu’elle transmette un message. Ce fou vous dédie ses meurtres, mademoiselle.

Pourquoi Adélaïde ? Pourquoi pas une autre ? Pourquoi ce cinglé n’étripait-il que des catins rousses, d’abord ? Pour les identifier à Adèle, sans doute…

 

* * *

Malgré une réticence certaine à brusquer la survivante, Colombier suivit néanmoins le conseil d’Adélaïde.

Sa seule chance d’avancer dans son enquête était d’interroger Anna.

Jolie rousse aux courbes généreuses, la dénommée Anna patientait dans le bureau de l’inspecteur en attendant son retour.

La jeune femme le déshabilla un instant du regard lorsqu’il entra dans la pièce.

Beau brun aux yeux noirs, plutôt grand et tiré à quatre épingles, Anna eut un mouvement de recul en le voyant.

— Vous lui ressemblez tellement, murmura-t-elle.

— A qui ? Au type qui vous a agressée ?

Anna acquiesça en silence.

— A ce stade du traumatisme, n’importe quel homme pourrait lui ressembler, annonça Colombier en prenant un siège. Il va donc falloir vous concentrer au maximum afin de me donner le plus de détails possible.

— Des détails, j’en ai plein la tête, inspecteur.

Colombier prit une profonde inspiration.

— Je vous écoute. Dîtes-moi tout ce qui vous vient à l’esprit.

Anna était forte. Elle ne tremblait même pas… ou le cachait fort bien.

Adélaïde attendait que Colombier en ait fini avec la victime. Le temps lui paraissait horriblement long. La jeune femme était fatiguée, elle désirait dormir à poings fermés, ne plus traîner ces affreux cauchemars comme un boulet.
Le dernier en date l’avait définitivement terrifiée. L’assassin la connaissait, peut-être personnellement, et rien que cette idée la répugnait. Alors elle n’avait rien dit à l’inspecteur au sujet de ce cauchemar. Elle avait esquivé le sujet quand le jeune homme lui posa des questions. Elle préférait se taire, du moins pour le moment. Cracher le morceau ne lui amènerait que des ennuis.

** La suite ici ** 

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