Concours LME – Claire

30 mai 2012 14 h 55 min

Elle se réveilla, étourdie de son rêve. Mais ce n’était pas un rêve.

C’était sa réalité. Sa vie. Son petit bonheur quotidien.

Elle se leva, enfila sa robe de chambre et jeta un œil dans le miroir.
Pas mal, se dit-elle.
Peut mieux faire, dit l’autre.

Elle descendit les escaliers comme elle aimait le faire, en sautant d’une marche sur l’autre. Elle avait le coup de main depuis toutes ces années. Sa souplesse ne la quittait pas malgré son âgé avancé.
En bas, elle trouva le chat endormi sur la table, comme d’habitude.
Elle caressa son poil tout doux et mit en route la cafetière.

Elle ferma les yeux, comptant les secondes puis sauta d’un pied sur l’autre, pour faire passer le temps.

Un bruit sec la fit sursauter. Quelqu’un frappait à la porte.
Elle se demanda qui pouvait ainsi la déranger à une heure aussi matinale.
Elle ouvrit. Un homme se tenait là, un panier sous le bras.
Elle le trouva séduisant, les yeux rieurs, la barbe râpeuse. Elle eut envie de l’embrasser, comme ça, sans réfléchir. Mais elle se retint.
Tout de même, on est bien éduqué ou on ne l’est pas.

Elle le fit entrer, et lui sourit avec bienveillance, l’invitant à parler.

Elle se souvint des années passées dans cette maison. Elle avait grandi là, fait ses premiers pas, fait les pires cauchemars mais aussi les plus grands rêves : vivre de sa passion, la danse. Etre une danseuse professionnelle et devenir celle qui a réussi dans son village. Monter à Paris. Rencontrer des stars.
Comme elle aurait aimé vivre tout cela.

Mais le destin en avait décidé autrement. Jamais elle ne put se démarquer des autres. Jamais sa bonne étoile ne lui ouvrit les portes de la gloire.
Sa famille en fut très attristée mais ne perdit pas confiance en elle.

L’homme en face d’elle la dévisageait maintenant. Il souriait mais son sourire était triste, délavé, comme s’il était passé trop de fois dans la machine à laver.

Elle le regarda, inquiète, se demandant s’il lui apportait une mauvaise nouvelle. Si quelqu’un de sa famille était en danger, ou pire.
Elle l’observa de nouveau, l’invitant à parler.

Puis elle se mit à trembler. Son pouls s’accéléra.
Cet homme, elle le connaissait. En quelques secondes, elle comprit.
Elle comprit que, pour prendre soin d’elle, il avait frappé avant d’entrer, pour ne pas la faire sursauter.

Une larme coula doucement sur sa joue et l’homme vint la serrer dans ses bras.

« Chérie, j’étais parti chercher du pain. Et même si tu oublies cela, n’oublie jamais que je t’aime ».

Vous en parlez

Ecrire un mot ?

Vous avez un compte ? Connectez-vous

obligatoire

obligatoire

optionnel