Dis moi comment tu m’aimes

 » – Tu es belle. 

– Même avec cette balafre au milieu du visage ? 

– Oui.

– Mais encore ?

– Tu es belle.

– Tu n’as rien d’autre a dire, quelque chose de moins cliché, de plus vrai ?

– Qu’est ce qu’il y a de plus vrai que tu es belle ?

– Je ne sais pas moi puisque je te pose la question. Pour une fois fais un effort, trouves quelque chose d’autre a dire. Tu es belle, c’est surfait, on dirait une réplique tout droit sortie d’un film.

– Tu es belle, je ne vois rien d’autre à ajouter. « 

Le problème était là et c’est souvent pour des discussions comme celle-ci que nous nous fâchions tous les deux. Et il ne comprenait jamais pourquoi je claquais la porte et partais pleurnicher dans mon coin.

Toutes les filles auraient rêvé d’un amoureux comme le mien, un amoureux qui voyait au-delà de mon apparence physique et de mes défauts grotesques, un amoureux qui savait parler d’amour et qui n’avait pas peur de le montrer. 

Et pourtant moi il m’agaçait. J’aurais voulu qu’il me dise que j’étais enquiquinante, trop curieuse, bornée, jamais contente. J’aurais voulu qu’il me laisse en plan dans le cinéma parce qu’une fois de plus je l’avais forcé à aller voir un film qu’il avait déjà vu. J’aurai voulu qu’il me trouve peut-être un peu moins belle et plus sophistiquée. J’aurais voulu qu’il m’aide a l’aimer tel qu’il était, sans chercher plus loin.

Je l’aimais pourtant, il etait beau mais il etait aussi silencieux, si sûr de tout, un peu lent… C’était çà mon problème, le mot mais. 

Lui, il ne connaissait pas ce mot, il m’aimait simplement, il m’aimait tout court.