Et le jour pour eux sera comme la nuit, Ariane Bois

13 août 2012 17 h 00 min

Tout commence avec quelques mots : A l’absent, toujours présent. S’ensuit ensuite quelques citations fortes de Tolstoï, Apollinaire, et surtout, Victor Hugo, que voici :

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
                                                  Victor Hugo 

Ce livre n’est pas un livre comme d’autres. D’abord, il ne possède que 122 pages, ce qui est peu comparé à la moyenne des romans sur les étalages des libraires. Ensuite, il est d’une grande puissance  émotionnelle. Il est difficile pour moi de vous parler de ce livre, car je ne sais s’il m’a touchée par son écriture, sa sincérité, ou si ceci est dû à l’effet de miroir entre mon histoire personnelle et ce roman. Je pense que tous ceux qui ont vécu le suicide d’un proche verront dans ces pages une dimension que d’autres n’auront pas.

Le réalisme des émotions, la perte des repères, l’absence de forces auxquelles s’accrocher, sont très bien transcrites. Ariane Bois centre son histoire sur la famille proche de Denis, 20 ans, mort après une envolée de la fenêtre de sa chambre, située au septième étage. « Vingt ans, sept étages »
Au fil des paragraphes, on suit les parents, les premiers à découvrir le corps : Pierre et Laura. La soeur de Denis : Diane. Son petit frère : Alexandre.
Les membres de la familles, les amis, les voisins, ne sont que des papillons qui traversent leur douleur, et peuvent choisir de s’en éloigner. Eux, les proches, vivent pour toujours avec le fantôme d’un enfant de vingt ans, qui s’est jeté de septième étage de son immeuble.

L’auteur ne cherche pas à dire pourquoi, à enquêter sur les causes de ce suicide. Elle offre simplement et avec une sincérité franche un regard intime sur une tragédie familiale. Pas de mélo, ou de moments exagérés, juste 122 pages de réalité…

Informations complémentaires :
Roman publié en 2009 aux éditions Ramsay, puis en poche aux éditions J’ai lu.
Grand reporter, Ariane Bois signe ici son premier roman.
Roman récompensé en 2009 du prix du Premier Roman de la Ville de Dijon, et de la Bourse Thyde Monnier de la société des Gens de Lettres.
Une rumeur court sur Internet annonçant que le roman serait prochainement adapté au cinéma…

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