Ecrire un livre : passer de l’abstrait au concret

5 août 2012 11 h 44 min

De quoi je vous souhaite vous parler ? De la difficile transition entre le sujet que l’on voudrait aborder dans son défi d’écriture et l’élaboration d’un monde construit, avec des personnages complets, et leurs interactions.

Charlotte avait parlé ici du difficile travail de relecture lorsque l’on a entre les mains la première version d’une histoire qui nous a possédé le long de centaines de pages, et ce, au détriment de nuits blanches, et de soirées passées isolé dans son propre univers.
Mais avant cela, il peut également y avoir le moment d’angoisse et de crainte lorsque l’on connaît le sujet que l’on souhaite aborder et que l’on s’acharne à faire des schémas, à connaître ces personnages qui s’imposent à soi, et à construire une trame.
J’ai entre les mains un bloc d’argile que je m’efforce de sculpter dans le détail pour avoir une vision claire et dégagée devant moi avant d’entreprendre le réel travail d’écriture. Il m’arrive, alors que je m’enfonce dans la personnalité et le vécu d’un personnage de vouloir noircir quelques pages. Parfois, les scènes m’apparaissent alors d’une telle clarté que j’aimerais donner libre cours à cette magie de l’esprit en laissant courir mon stylo pour mettre ces différentes âmes en mouvements.
Des images m’apparaissent tels des flashs, des photos d’instantanés de vies dans un monde qui ne m’appartient qu’à moi seule.
Après avoir rendu ces instants fugaces libres d’être écrits, je m’efforce désormais de les étouffer. Pourquoi ? Car ces textes de quelques pages peuvent certes s’avérer très utiles, mais souvent, entrer dans le détail d’une scène alors que l’avant et l’après est une sombre inconnue me donne la sensation d’avoir écrit dans le vide. Une scène, comme çà, qui s’envole pour disparaître en poussière.

Je sais qu’il existe différentes façons de se mettre à écrire une histoire longue. Certains élabore des biographies sur leurs personnages afin de les rendre les plus réels possible. D’autres se laissent emporter par la vague de l’inspiration, et sculpte au plus près leurs personnages lors de la phase de relecture. Pour ce premier exercice d’écriture longue, que je me plaît à appeler projet de peur de lui donner une trop grande consistance qui m’effraierait et tétaniserait mon écriture. Le mot projet est à la fois floue et parlant, je sais ce dont il s’agit sans que cela ne me donne de suées nocturnes.

A l’aube où la trame commence à se dessiner, je sens mon esprit bouillonner, mon stylo vibrer, mon coeur s’accélérer. Certains d’entre vous se retrouveront peut-être dans cet écrit.

J’avais besoin de mettre sur écran ce sentiment si particulier. Peut-être est-il unique, propre à la foi que l’on a en soi de transformer un rêve aussi personnel soit-il en une réalité…

Jules Renard avait écrit dans son journal (1893 à 1898) :
 » C’est douloureux d’écrire un livre : c’est s’en délivrer « 

Je vous laisse méditer…

Vous en parlez

  • Pour ma part, j’en rêve, j’y pense, j’y repense puis je m’installe et les textes sortent. Mais écrire une histoire longue comme tu dis peut simplement parfois s’imposer à soi sans question et juste pour le plaisir. En tout cas c’est comme cela lorsque j’ai une idée pour un roman. Puis il y a aussi le problème de vouloir car certaine fois l’idée est là mais pas l’envie… Bref c’est différent pour chacun, le tout c’est de trouver ce qui nous convient… Bon dimanche

    • L’histoire longue peut s’imposer pour le plaisir, mis elle demande inévitablement plus de rigueur que l’histoire courte, et aussi une prise de recul… Pour moi en tout cas. Mais chacun est différent : écrire est si personnel, si intime, …
      L’écriture est un plaisir, je ne l’oublie pas 😉

  • Plus la tête à écrire depuis pas mal de temps maintenant, j’espère que ça va vite revenir!! en tout cas ne te censure pas, écris tant que tu en ressens le besoin et que ça te procure du plaisir!!! Projet, livre, essai…appelle ça comme cela t’arrange en effet, pour que ça ne te tétanise pas 😉

  • Il faut te libérer de toute contrainte. Pour ma part, c’était assez animal comme sensation. Le besoin d’écrire, les mots qui s’imposaient, les personnages qu prenaient vite sans que cela me donne l’impression d’intervenir…
    Etrangement, peut être faut il tenter de moins intellectualiser cette phase pour la rende plus passionnel, n’écoutez que cette envie, n’écrire que pour combler ce vide qui existe…
    Bon courage pour ton projet Julie!

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