Retrouver Amélie Nothomb à chaque rentrée littéraire n’est plus tellement une surprise, c’est même plutôt devenu un rituel. Ces derniers livres m’avaient un peu déçue : moins de mots, des situations et des dénouements qui me semblait animés d’une certaine facilité (même si elle jure ne jamais « tricher » pour plaire à ses lecteurs, et que dans un sens, je veux bien la croire), mais, avec « Barbe bleue », je me suis laissée sagement séduire.
J’ai retrouvé l’humeur ravageuse d’Amélie, son ironie, son sens admirable de la répartie. Les dialogues sont nourris de subtilité, elle m’avait déjà prouvé leurs portées surprenantes dans « Cosmétique de l’ennemi », même si ce dernier roman nous rappelle surtout « Hygiène de l’assassin », son tout premier roman (publié) qui fêtera ses vingt ans d’ici quelques jours. Amélie en a fait du chemin, a évolué, mais n’a jamais cessé d’être fidèle à ses grands plaisirs: parmi eux, le champagne, énormément présent et ayant une place capitale dans ce roman. Elle est devenue cultivée à force d’apprécier l’ivresse de cette boisson couleur « or », et cela se voit. Dans Barbe bleue, on savoure les meilleurs champagnes mais aussi les plus chers, on baigne dans le luxe de la sublime demeure de Don Elemirio, on salive à l’évocation de mets délicieux durant les repas animés de l’hôte avec Saturnine, l’héroïne belge, insoumise et pas aussi « bête » que les autres… Qui n’ont pas su résister à la tentation.
Car, nous connaissons bien l’histoire du personnage de Barbe Bleue décrit par Perrault, l’horrible destin de ces femmes assassinées pour ne pas avoir respecté un secret, et bravé l’interdiction d’entrer dans une pièce fermée à clé. Amélie décide de donner le droit à l’homme d’avoir des secrets, elle trouve cela légitime qu’il veuille conserver son mystère. Le seul bémol : dans ce roman, même si Don Elemirio semble sympathique et « doux comme un agneau », il n’en reste pas moins un assassin. Saturnine en est consciente, elle ne va pas tomber dans le piège, ni céder à la curiosité que l’homme prend plaisir à susciter. Jusqu’au moment où elle ne devra pas lutter contre le désir de désobéir à son colocataire, mais contre son amour pour lui, qui naitra on ne le sait trop comment, tant « l’amour est mystérieux ». Saturnine tiendra tête à l’Espagnol Don Elemirio, et finira par trouver la clé de l’énigme. Huit femmes ayant déjà disparues, elle est la neuvième colocataire de cet homme qui, après la mort étonnante de ses parents, avait décidé de vivre seul et de ne plus jamais sortir de chez lui, avant de réaliser qu’une présence féminine manquait désespérément à sa vie, et donc de chercher des colocataires féminines. Huit de ses « bien-aimées » ayant disparues, elle sera son dernier amour. La neuvième, celle qui manque à sa palette de couleurs. Car, c’est bien de cela dont il est question. De vêtements, de présents aux femmes qu’il aime, de photographies, mais surtout de couleur. L’or demeurera…
Je ne veux pas trop en dévoiler, je sens que je suis déjà peut-être allée trop loin. Je ne révèle pas la fin pour ne pas gâcher le talent d’Amélie pour le suspense.
Je vous le conseille vivement, parce que cet auteur ne cessera jamais de surprendre. Elle ne laisse personne indifférent, et c’est sa force.
à 20 h 41 min
J’avoue ne connaître que le visage d’Amelie Nothomb. Je n’ai jamais ouvert l’un de ces livres. Pour une découverte, tu conseillerais lequel ?
à 10 h 04 min
Je conseillerais probablement Cosmétique de l’ennemi, que j’ai cité dans mon article ! Ou Mercure, que j’avais beaucoup apprécié, et c’était l’un des premiers que j’avais lu d’elle, il me semble. Mais après, conseiller du Nothomb est toujours un « risque », on aime ou l’on se pique !
à 13 h 17 min
Ah ton avis me donne vraiment envie, je pense que je vais pas tarder à me le procurer ! 🙂
Fleur de Menthe, je conseillerais « Le voyage d’hiver », j’ai commencé par celui-là et il m’a vraiment plu.
à 11 h 43 min
Ma prof de français nous en avait parlé mais elle n’avait pas trop aimé, elle a trouvé qu’Amélie Nothomb avait fait bien mieux.