Je plonge doucement mes mains dans l’écume blanche qui s’est accumulée sur le bord de l’eau. La mer est merveilleusement chaude. Le soleil y a déposé son énergie de chaleur et sa lumière irise, de reflets chatoyants, chacune des vaguelettes.
Les jumeaux, Jade et Jules, se dépensent sans compter dans l’eau accueillante et me lancent à tue-tête « Maman ! regarde-moi, je plonge. Maman ! regarde-moi, je fais la planche ».
Cette magnifique journée d’été m’a permis d’étrenner ma nouvelle robe en soie sauvage, de couleur bleue, en harmonie avec mes yeux et le ciel d’azur. Le soleil est un peu fort, heureusement mon chapeau de paille m’en préserve.
Le sable fin garde la mémoire de mes pas. Mes pieds nus laissent la signature de mon passage et je sais que la prochaine marée effacera tout. Alors, je m’amuse et crée une œuvre éphémère. Les empreintes de mes pieds, de mes mains, agrémentées de quelques coquillages, d’algues échouées, finissent par offrir un agréable spectacle, pour mon plus grand plaisir.
Le cri des mouettes attire mon attention et je porte mon regard dans leur direction. Quelques unes se chamaillent en voletant et j’aperçois au second plan une montgolfière rouge carmin.
̶ Les enfants ! regardez la montgolfière dans le ciel.
Jade et Jules sortent de l’eau en courant, ravis par la vision du gros ballon suspendu dans l’air. La montgolfière s’approche lentement et le rugissement du brûleur les effraie un peu.
̶ N’ayez pas peur mes chéris, le pilote met les gaz pour gonfler la toile autrement le ballon risquerait de tomber.
Les petits, rassurés, font de grands saluts vers le pilote et s’égosillent joyeusement en de nombreux « Bonjour ! ».
̶ Venez goûter mes petits affamés, propose Alexandra. Je vous ai préparé des jus de fruits, des gâteaux, des chocolats.
Les enfants se pressent autour de la jolie nappe étalée sur le sable et savourent leur collation avec appétit. Ils sont rejoints, malgré eux, par un labrador au pelage beige venant quémander une sucrerie d’une mine gourmande. C’est Jade qui, la première, lui donne un morceau de pâtisserie suivi par Jules qui lui offre un bonbon. Contenté par les friandises, le chien devient aussitôt leur grand ami.
̶ Max ! viens ici, ne dérange pas les gens, s’écrie le maître en observant, de loin, le comportement trop familier de son animal de compagnie.
̶ Chère madame, veuillez excuser l’attitude de mon chien. Il est incorrigible, déclare-t-il d’une voix douce et charmante à Alexandra, tout en essayant de récupérer, par son collier, le trublion à quatre pattes.
̶ Je vous en prie, ce n’est pas grave. Venez vous asseoir avec nous autour de la nappe. Accepteriez-vous un verre de jus de fruits ? demande-t–elle, enchantée par cette visite inattendue.
Mais, soudain, Alexandra est surprise par un brusque souffle d’air qui emporte son chapeau de soleil.
̶ Tiens, puisque t’es encore dans ta vaisselle, j’te rajoute les tasses, prévient Paul qui s’est engouffré dans la cuisine en laissant la porte grande ouverte aux courants d’air. Je ne comprends pas que tu mettes autant de mousse dans la bassine. Où sont les grands verres pour la bière ?
̶ Ils se trouvent au salon. Attends, je vais te les donner, répond Alexandra en attrapant prestement un torchon afin de se sécher les mains.
̶ Laisse tomber, je vais les trouver tout seul.
Depuis le fond du salon, parviennent les voix hilares des amis de son mari « Hé Paulo, n’oublie pas les cahuettes ».
̶ Ils sont où les gosses ? demande-t-il en faisant claquer la porte derrière lui, sans même attendre la réponse. En fait, il est bien trop pressé de retrouver ses compères pour les sempiternelles parties de cartes hebdomadaires.
Alexandra se dresse sur la pointe des pieds, en prenant appui sur le rebord de l’évier et regarde par la fenêtre grande ouverte. Elle constate que ses deux enfants continuent de barboter paisiblement dans la piscine gonflable.
Le calme règne à nouveau dans la cuisine, Alexandra s’apprête à laver les tasses.
Alors, elle plonge doucement ses mains dans l’écume blanche…
à 10 h 51 min
Un instantané très visuel qui parlera sans doute à beaucoup de femmes : je crois qu’on est nombreuses à rêver de rivages de sable blanc, les mains dans l’eau de vaisselle…
à 15 h 47 min
Merci pour le petit message. Le sujet de cette nouvelle m’est venu en faisant la vaisselle…
à 16 h 43 min
c’est très bien écrit… on se rends compte que toute tache, meme rébarbative, peut etre l’occasion de rever.. cela fait du bien
à 19 h 10 min
bonjour sylvie
comme tu as bien croqué les reves qui nous font supporter le quotidien les mains dans la vaisselle ….et sans amertume ni colère
on reve aussi emporté deleste du poids des jours
belle évasion
à 20 h 46 min
Merci d’être entrée dans l’univers de cette nouvelle.
Bien à toi.
à 17 h 50 min
Quelle douceur et légereté dans ce texte écris avec talent.
Je suis transportée au pays des songes ………
Très beau texte !! On attend déjà le suivant !
Chantal
à 10 h 56 min
Qu’il est doux ce rêve éveillé. Ce sont ces quelques moments de solitude, les mains dans la mousse, qui nous aident à nous évader et à apprécier la vie telle quelle est.
J’aime beaucoup ton style d’écriture Sylvie.
à 14 h 05 min
Merci Marie, il ne faut jamais rater l’occasion de laisser la porte ouverte à son imaginaire. Bien amicalement.