Vivantes

31 juillet 2012 23 h 27 min

C’était de savoir que je pouvais te perdre qui m’a poussée à partir, à tout laisser derrière. Vivre dans l’angoisse permanente de voir nos vies anéanties, je ne pouvais plus.

Il me fallait nous sauver. Et pourtant quelques fois je me demande si j’ai bien fait. Te changer d’école en cours d’année, te séparer de tes amis, t’imposer une nouvelle ville, te condamner à une nouvelle histoire sans passe. Et surtout quand je te vois t’endormir avec ton ours en peluche et me demander si ce soir papa viendra te faire un bisou. Comment te dire que tout ce que je souhaite c’est qu’il ne vienne jamais, qu’il oublie jusqu’à ton existence même. Comment te dire qu’il ne mérite pas que tu l’appelles papa.

Ils m’ont presque tous dit que j’avais mérité ce qui m’était arrivé, que j’aurais dû savoir, anticiper. Mais qui peut prétendre pouvoir échapper à la folie d’un homme, qui peut penser que derrière une photo de jeune marié souriant se cache un bourreau. Comme pour me faire douter davantage, ils m’ont dit que si tu n’avais rien vu, j’aurais mieux fait de rester. Mais pour t’offrir quelle vie aussi ? Çà ils n’y ont pas pensé.

Je voudrais pouvoir me dire que j’ai hésité avant de t’embarquer dans cette course folle. Mais c’est faux. Il venait juste de relâcher son étreinte autour de mon cou quand je me suis dit « c’est fini, demain je pars ». C’était limpide. Les brimades, les insultes, les coups de pied, les menaces, ç’en était fini. C’était ma décision. Et même si je crie toujours la nuit, si tu te tapes la tête contre les murs pour me montrer tes blessures incertaines, je sais que c’était la bonne décision. Peut-être qu’un jour tu m’en voudras mais nous serons vivantes. Quelle autre image plus sublime que celle de toi et moi, vivantes.

 

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